Journée Internationale des Femmes Rurales : Les femmes derrière les huiles du Québec
À l’occasion de la Journée internationale des femmes rurales, Terre à table met à l’honneur trois femmes qui participent activement à bâtir la filière des huiles du Québec : Chantal Van Winden (Oliméga – Signé Caméline), Audrey Bouchard (Ferme TournevenT) et Joany Brodeur (L'Arôme des Champs).
Il existe au Québec une production d’huiles aussi émergente que diversifiée. Dans une province qui ne compte qu’une poignée d’huileries, trois femmes ont choisi d’emprunter un chemin audacieux : celui de produire chez nous, des huiles saines, respectueuses de l’environnement et profondément enracinées dans le terroir québécois. Chantal, Audrey et Joany font partie des rares productrices et entrepreneures à produire des huiles célébrant la richesse de nos paysages et la résilience de notre agriculture.
Chantal Van Winden – Oliméga – Signé Caméline (Montérégie)
À Saint-Édouard, Chantal Van Winden incarne l’esprit pionnier des huiles du Québec. En 2006, une simple rencontre avec la caméline devient le point de départ d’une aventure familiale et entrepreneuriale. Huit ans plus tard, naît Oliméga – Signé Caméline, première entreprise canadienne à produire et transformer cette plante nordique aux vertus exceptionnelles. Devenue une véritable ambassadrice, on la surnomme désormais Madame Caméline.
La caméline incarne le lien entre sol vivant et alimentation saine. Cultivée en agriculture
régénératrice, elle améliore la santé des sols, favorise la biodiversité et soutient la résilience des fermes face aux changements climatiques. Avec près de 35 % d’oméga-3, l’huile de caméline s’impose comme un super aliment.
Couronnée à plusieurs reprises pour son innovation et la qualité de ses produits – des huiles aux savons et aliments pour animaux issus des résidus de pressage (les tourteaux) – Oliméga rayonne aujourd’hui comme symbole d’une agriculture québécoise innovante et résiliente.

Audrey Bouchard – Ferme TournevenT (Saguenay–Lac-Saint-Jean)
À Hébertville, Audrey Bouchard incarne un leadership affirmé depuis qu’elle a cofondé la première huilerie de la région en 2018. Tout se fait à la ferme : de la culture à la transformation, jusqu’à la mise en bouteille. Les graines de caméline, de chanvre, de lin, de canola et de tournesol y sont pressées à froid, donnant des huiles biologiques locales d’une grande qualité nutritionnelle.
La Ferme TournevenT repose sur un modèle agricole exemplaire, alliant polyculture et économie circulaire. Les associations de cultures : canola et pois jaune, lentille et lin ou encore caméline et lentille beluga favorisent la fertilité des sols et limitent naturellement la croissance des mauvaises herbes. Aucun engrais chimique n’est utilisé et les tourteaux sont utilisés pour fertiliser les terres de la ferme. Ce mode de culture biologique et régénératif améliore la structure du sol, stimule la biodiversité et contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Depuis 2024, la ferme accueille également l’Économusée des Huiliers, un espace de découverte où les visiteurs peuvent suivre tout le parcours de fabrication d’huile, du champ à la bouteille.

Joany Brodeur – L’Arôme des Champs (Estrie)
Après une carrière en dehors du milieu agricole, Joany Brodeur choisit de revenir à ses racines. En 2019, avec son conjoint, elle rachète la première huilerie de tournesol biologique du Québec. Une ferme et huilerie biologiques maintenant menées en quatuor avec ses parents producteurs depuis les années 2000 à Bromont.
Sur les terres familiales, le tournesol occupe désormais une place intégrée aux rotations de cultures déjà implantées. La culture du tournesol biologique contribue à régénérer les sols et à favoriser la biodiversité. Ses fleurs illuminent les champs et attirent une faune foisonnante – des abeilles aux geais bleus – signe d’un écosystème agricole en santé.
De la semence à la bouteille, tout est réalisé sur place. L’huile, pressée à froid et décantée lentement, conserve l’ensemble de ses qualités nutritionnelles. Chez l’Arôme des champs, rien ne se perd : le tourteau issu du pressage est utilisé pour nourrir les vaches laitières biologiques de certaines des fermes du Québec.
Riche en oméga-9 et en vitamine E, l’huile se distingue par sa stabilité à la cuisson et sa saveur douce et légèrement noisettée. Produite avec soin et conviction, elle incarne une alternative locale et durable à l’huile d’olive – symbole du savoir-faire et de l’engagement de la famille Brodeur.

Les femmes, cultivatrices de changement
En cette journée, il est important de rappeler le rôle essentiel des femmes dans la transformation de nos systèmes alimentaires.
Tout juste revenue du Sommet mondial des femmes en Agritech en Belgique, Chantal Van Winden rapporte que la ministre de l’Agriculture de la Wallonie y a souligné que les femmes en agriculture apportent une plus grande diversité et mettent sur le marché des produits plus sains. Une observation qui résonne avec le parcours de Chantal, Audrey et Joany, et qui montre qu’il est tout à fait possible de changer d’huile pour une huile saine, durable et fièrement québécoise !






