par Beth Hunter
La semaine dernière, j’ai passé trois jours à parcourir les allées du salon international de l’alimentation SIAL, à rencontrer des dizaines d’entreprises agroalimentaires et à parler du potentiel de l’agriculture régénératrice. J’étais venue pour participer à une table ronde intitulée Pratiques régénératrices : une révolution nécessaire dans l’industrie alimentaire, mais j’ai rapidement été attirée par l’effervescence de l’événement dans son ensemble. Organisé au parc des expositions de Toronto du 9 au 11 mai, le salon comptait plus de 1 000 kiosques d’entreprises du monde entier, de multiples démonstrations culinaires, des cérémonies de remise de prix et d’innombrables échantillons de produits alimentaires. Il était difficile de ne pas repartir avec quelques kilos de plus qu’à l’arrivée, surtout si l’on passait du temps dans la vaste section des fromages !
Le SIAL est un événement B2B, avec des contrats de vente conclus dans tous les coins du salon. Les entreprises participantes sont des sociétés de vente au détail, de restauration et de transformation alimentaire de toutes tailles, de la start-up à la multinationale, mais principalement des petites et moyennes entreprises. Il y avait étonnamment peu de kiosques de grandes entreprises, mais de nombreux représentants de ces compagnies étaient présents, à la recherche d’innovations.
Je me suis déplacée d’un kiosque à l’autre dans la grande section canadienne, à la recherche d’entreprises qui s’approvisionnent ou sont intéressées par l’approvisionnement en ingrédients provenant de l’est du Canada, où FoodBridge cherche à développer des collaborations régionales en matière de chaîne d’approvisionnement. J’ai trouvé des produits à base de blé (de nombreuses boulangeries), d’avoine (boissons, barres et produits de boulangerie à base d’avoine sans gluten), d’orge (brasseries), de chanvre, de tournesol, de canola, de lupin et de caméline (huile), de patates douces, de poireaux, de pommes de terre et de choux-fleurs.
L’idée du développement durable était présente dans de nombreuses conférences, kiosques et prix, ce qui reflète la place qu’elle occupe plus généralement en 2023, en tant qu’enjeu inévitable pour les entreprises. Pour certaines petites entreprises avec lesquelles j’ai discuté, les questions d’approvisionnement durable et d’ESG étaient une chose de trop à gérer, et je suis passé à autre chose. Mais beaucoup d’autres étaient intriguées ou déjà actives et voulaient en faire plus. C’est le cas, par exemple, de :
- Une brasserie artisanale et copacker du sud-ouest de l’Ontario qui recyclent systématiquement leurs déchets en les livrant aux fermes voisines pour l’alimentation animale ;
- Deux sociétés québécoises, l’une biologique et l’autre non, qui font toutes deux la promotion d’ingrédients diversifiés et durables ;
- Une entreprise de panettone qui congèle la pulpe d’orange inutilisée de sa production jusqu’à ce qu’elle trouve une entreprise ou une organisation à qui en faire don ;
- Plusieurs boulangeries mécontentes du manque de flexibilité des minoteries auprès desquelles elles s’approvisionnent et intéressées par de nouvelles opportunités.
Le co-packing représente à la fois un espace (littéral) de collaboration et une difficulté pour l’approvisionnement durable. Les petites entreprises sous-traitent souvent leur production à une plus grande entreprise (un co-packer) qui dispose d’une capacité de production supplémentaire dans ses usines. D’une part, il s’agit d’un exemple fascinant d’espace préconcurrentiel, où des marques de plusieurs entreprises différentes sont fabriquées dans la même usine ! D’autre part, les co-packers prennent la plupart des décisions d’approvisionnement pour l’ensemble de leurs clients, ce qui leur permet de réaliser des économies d’échelle, mais signifie que les acheteurs sont encore plus éloignés des intérêts des consommateurs, et que les entreprises qui souhaitent innover en matière d’approvisionnement durable doivent faire valoir leur point de vue auprès de clients du co-packer qui sont moins intéressés.
Je suis repartie du SIAL avec une pile de cartes de visite, la tête pleine d’enseignements et un sentiment d’espoir. L’agriculture durable et régénératrice commence à peine à apparaître sur les radars des entreprises et du public, ce qui représente à la fois un défi et une opportunité gigantesque.