Les racines profondes du projet Veiller au grain pour un avenir durable
Le texte qui suit est une adaptation du discours de Beth Hunter au lancement de Veiller au grain pour un avenir durable, le 3 avril 2024 à Saint-Charles-sur-Richelieu, Québec.
Aujourd’hui, le secteur agroalimentaire québécois est confronté à plusieurs réalités difficiles : l’effondrement des revenus nets des agriculteurs, l’augmentation des coûts d’intrants et de la main-d’œuvre, ainsi que les impacts climatiques sur les rendements. De plus, les émissions de GES ont augmenté de 13 % au cours des deux dernières décennies, et 25 % des terres arables au Québec possèdent moins de 4 % de matière organique, un seuil critique pour le rendement agricole. La biodiversité agricole est aussi sévèrement en déclin.
Malgré ce sombre tableau, des solutions se dessinent. Avec ses 7000 fermes et 500 entreprises de transformation alimentaire, la Montérégie, souvent surnommée le « grenier du Québec », a inspiré le projet « Veiller au grain pour un avenir durable ».
Une approche complémentaire et innovante
« Veiller au grain » prend racine dans les efforts soutenus du secteur public et syndical québécois pour promouvoir l’agriculture locale, la souveraineté alimentaire et la protection de l’environnement. Des initiatives telles que le Programme d’agriculture durable, les clubs-conseils et la Caravane sur la santé des sols ont pavé la voie. Nous souhaitons bâtir sur ces projets et d’autres, sachant que ces efforts sont essentiels mais pas suffisants pour s’attaquer à l’ampleur des défis que nous devons affronter.
Le projet « Veiller au grain » se distingue par son approche visant à mettre la force des marchés au service d’une agriculture diversifiée et durable. En collaborant avec les acteurs de la chaîne agroalimentaire, de la terre à la table, notre objectif est de soutenir et d’amplifier les efforts existants pour un impact plus significatif. L’implication du secteur privé dans les efforts de développement durable devient de plus en plus essentielle, non seulement pour le bien-être des producteurs et de l’environnement, mais aussi pour la survie de l’industrie alimentaire elle-même.
L’importance de sols en santé
La résilience du secteur repose avant tout sur des sols en bonne santé. Pour réduire notre empreinte environnementale et améliorer la richesse du sol, nous préconisons des pratiques telles que les cultures de couverture, la diversité des cultures et une utilisation restreinte des intrants de synthèse. Ces méthodes, pratiquées depuis des millénaires sous différents noms, visent toutes à créer une agriculture plus durable et régénératrice.
Un projet ancré dans la réalité locale et un mouvement mondial
Depuis plusieurs mois, nous avons mené des recherches et des entrevues pour identifier les pratiques et cultures ayant le plus de potentiel en Montérégie. Nous avons également multiplié les rencontres avec les acteurs locaux pour apprendre des projets existants et intégrer leurs succès et défis dans notre approche. Notre démarche s’inscrit aussi dans un mouvement mondial en faveur d’une agriculture plus durable, incluant l’implication du secteur privé.
Les projets tremplins : une avenue prometteuse
Notre espoir pour que « Veiller au grain » grandisse et porte ses fruits repose sur la réalisation de projets tremplins. Ces initiatives visent à propulser des actions d’agriculture durable dans toutes ses dimensions : économique, sociale et environnementale. En ce sens, nous démarrerons deux projets*, chacun composé d’au moins deux acheteurs de la chaîne d’approvisionnement, de plusieurs producteurs agricoles et du soutien d’un service conseil indépendant.
Un appel à l’action
Pour conclure, nous encourageons un engagement actif dans cette démarche. La participation de tous les acteurs de la chaîne agroalimentaire est essentielle pour réussir à créer un avenir plus durable pour l’agriculture en Montérégie. Ensemble, nous pouvons transformer ces défis en opportunités et bâtir un système alimentaire résilient, prospère et durable en Montérégie.
*Un des projets se penchera sur l’intégration de l’orge brassicole en culture durable, tandis qu’un autre se concentrera sur la diversification des cultures avec les oléagineux (tournesol, cameline, canola, graines de citrouille).