Temps zéro pour les pratiques durables: portrait de l’agriculture québécoise en transition
Le Portrait des pratiques d’agriculture durable des fermes du Québec (2022), réalisé par l’Union des producteurs agricoles (UPA) et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), dresse un état des lieux des pratiques agricoles durables à un moment charnière : le début du déploiement du Plan d’agriculture durable (PAD) et de l’Initiative ministérielle de rétribution des pratiques agroenvironnementales (RPA). Ce rapport, considéré comme un « temps zéro », servira de référence pour évaluer l’évolution des pratiques au fil du temps et l’efficacité des actions déployées.
L’enquête, réalisée auprès de 3 366 producteurs agricoles, couvre 62 pratiques, dont 52 qualifiées de durables, et représente 22,9 % des superficies cultivées au Québec, soit 429 612 hectares. Les résultats, regroupés en cinq thématiques alignées sur les objectifs du PAD, ont été analysés à l’échelle provinciale, régionale et sectorielle.
Faire mieux pour protéger les sols
La santé des sols est au cœur des pratiques agricoles durables, et plusieurs mesures prometteuses se dessinent. Au Québec, plus de 63 % des superficies cultivées bénéficient de rotations comprenant au moins trois cultures, un levier fondamental pour améliorer la fertilité des sols et prévenir l’érosion. Ce taux plus faible en Montérégie (un peu en dessous de 50%) illustre des défis propres à cette région.
La protection hivernale des sols par une culture de couverture reste quant à elle sous-exploitée, concernant 28,5% des répondants et couvrant seulement 15,6 % des superficies cultivées en culture annuelles. La proportion des répondants en Montérégie est de 33,3% mais couvre toutefois une moins grande proportion des superficies (12,7%). Ces pratiques représentent une piste d’amélioration pour accroître la résilience des sols face aux changements climatiques et c’est pourquoi Terre à table contribue aux efforts déployés en Montérégie à travers son projet Veiller au grain pour un avenir durable.
Réduction de l’usage et des risques des pesticides
Le dépistage est pratiqué par 57,1 % des répondants pour les mauvaises herbes, couvrant près de 50 % des superficies cultivées, tandis que le dépistage des insectes (28,1 %) et des maladies (28,0 %) reste moins répandu, touchant 17 % et 20 % des superficies respectivement.
Une fertilisation plus réfléchie et une meilleure gestion de l’eau
En matière de fertilisation, le fractionnement de l’azote, pratiqué par 49 % des répondants sur 35,7 % des superficies, témoigne d’une volonté de maximiser l’efficacité des apports tout en minimisant les pertes environnementales. Du côté de l’eau, les pratiques d’irrigation optimisées (69,3 %) et les systèmes de gestion réduisant les prélèvements l’abreuvement des animaux (79,5 %) sont adoptés par une majorité des producteurs. Ces avancées illustrent une prise de conscience de l’importance de préserver cette ressource essentielle.
Biodiversité et aménagements agroécologiques
Les haies naturelles et aménagées, présentes sur 62 % des fermes, contribuent à enrichir la biodiversité et à renforcer les services écosystémiques. Avec 3,68 millions de mètres linéaires de haies recensés, ces éléments structurants témoignent d’un intérêt des producteurs envers une gestion agroécologique des paysages agricoles.
Vers une agriculture durable et résiliente
Ce portrait révèle un engagement croissant des producteurs québécois pour adopter des pratiques durables, tout en identifiant des marges de progression significatives. La santé des sols, la réduction des intrants chimiques et la préservation des ressources naturelles figurent parmi les priorités pour consolider une agriculture durable. Ces résultats offrent une base solide pour renforcer l’agriculture durable au Québec.